Utiliser l’eau du Thouet pour produire son électricité

Moulin Gilles Bertin C Mon Territoire

Depuis plus de 40 ans, Gilles Bertin domicilié à Châtillon-sur-Thouet entretient et modernise son moulin à eau qu’il a seul entièrement restauré.

Une passion chère à son propriétaire

Surpris de découvrir l’existence d’un moulin à eau lors de la signature de l’acte d’achat de sa maison en 1976, le couple a entrepris sa complète restauration. Près de cinq ans à se documenter dans de vieux livres chinés, à écouter les conseils des anciens, à visiter des moulins et rechercher des pièces bien spécifiques sur la France entière ont été nécessaires pour remettre en marche ce moulin dont il ne restait pas grand-chose. « J’ai pu m’appuyer sur d’anciens plans et documents fournis entre autre par la municipalité de l’époque pour respecter la réglementation, notamment la hauteur de chaussée ainsi que la législation de l’eau. En l’occurrence, « le droit d’eau fondé en titre », c’est-à-dire l’autorisation de remettre en état le moulin pour produire de l’électricité à usage personnel à durée illimitée ». 

Des améliorations au fil du temps

Depuis sa remise en état en 1981, le moulin permet de produire suffisamment d’électricité pour chauffer toute la maison et l’atelier de menuiserie de cet artisan, aujourd’hui à la retraite. « Cela demande une grande surveillance et un entretien quotidien pour assurer son bon fonctionnement. Des petits investissements tous les ans et une évolution régulière du système optimisent un meilleur rendement. Tel fut le cas en 1999 avec le remplacement de la roue, créée dans son intégralité à l’atelier à partir de bois de robinier et d’inox. Plus récemment l’installation d’un volant d’inertie : une machine cherchée pendant plus de 20 ans, pesant plus d’une tonne et demie dont l’intérêt est de maintenir la vitesse à 1500 tours minute. Grâce à toutes ces améliorations, la production d’électricité a triplé ». 

Gilles Bertin a entièrement restauré son moulin à eau qui fonctionne environ 4 mois dans l’année

Une source d’ingéniosités

En amont du moulin, au bord de la chaussée, un « dégrilleur » vient arrêter tout ce que le Thouet entraîne sur son passage (bois flottés, déchets et même à trois reprises des malheureux noyés). Cet outil a été pensé et conçu par son propriétaire avec le mât d’un charriot élévateur doté d’une grande grille. Menuisier de métier, Gilles Bertin est avant tout un grand bricoleur, un indéniable ingénieur devenu au fil des années un véritable inventeur.

Le dégrilleur permet de retenir tous les amas de bois ou autres de la rivière en amont du moulin.

Une baisse de production

Le moulin à eau fonctionne uniquement les mois d’hiver et de printemps lorsque le niveau de l’eau est au plus haut, mais triste est de constater que cette période se réduit d’année en année. Le moulin ne tourne plus que de janvier à mai ; « une conséquence directe de la sécheresse et du manque de pluie qui frappent le territoire ».

La menace écologiste

Ces prochaines années, le moulin pourrait être menacé par l’enquête publique du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du Thouet dont un des objectifs est de supprimer les chaussées présentes le long de la rivière qui, selon les protagonistes, participeraient à sa pollution. Or, pour Gilles Bertin « Ce ne sont pas les chaussées qui dégradent le Thouet, mais davantage la pollution des villes. C’est une enquête infondée, qui d’autant plus a été réalisée à charge. Militant contre ce projet avec l’association syndicale libre des riverains du Thouet, nous espérons vivement être entendus ». 

Aujourd’hui, il ne reste que six moulins à eau en activité sur un rayon de 30 km longeant le Thouet. A l’époque du Moyen-âge, les moulins se comptaient par dizaines sur seulement 6 km. Leur abandon a été notable à l’arrivée de l’électricité dans les années 60. Gilles Bertin fait partie de ces irréductibles et passionnés qui redonnent vie à ces installations hydrauliques ; un patrimoine qui a le mérite de produire une électricité « propre » et locale, une énergie qui ne cesse actuellement d’alimenter les débats politiques, écologiques et environnementaux.

Article co-écrit par Céline Boeuf et Thibaud Emery, stagiaire en journalisme

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