Laurent Prysmicki, un archeologue au service de la terre

décembre 2024

Quand le passé inspire le futur, cet artisan semencier cultive et préserve des graines paysannes anciennes.

Après des années d’expérience en tant qu’archéologue, Laurent Prysmicki est devenu semencier, spécialisé dans les graines paysannes anciennes. Jardinier amateur, fasciné par la biodiversité agricole et les savoirs ancestraux en voie de disparition, cultiver des légumes, des fruits, des plantes médicinales, des fleurs des jardins d’autrefois dans l’unique but d’en collecter les graines est un moyen de préserver notre patrimoine végétal, les pratiques agro-écologiques et promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement.

Curieux et méticuleux

Depuis 3 ans, sa passion s’est transformée en activité professionnelle. Patience, rigueur, persévérance et une bonne capacité d’observation, ces maîtres mots en archéologie le sont tout autant dans le métier d’artisan semencier. Laurent Prysmicki propose près de 180 variétés, toutes répertoriées avec un suivi de traçabilité. Chaque pochette de graines est réalisée avec le plus grand soin. « Rattrapé par mon métier d’archéologue, j’apporte beaucoup d’importance à noter l’origine du végétal ! »

Collectionneur et explorateur

« Rejoint par 2 autres semenciers et une productrice de plantes médicinales, notre complémentarité permet de découvrir et de tester de nombreuses variétés anciennes, remises au goût du jour par les grands chefs cuisiniers et de plus en plus plébiscitées par les jardiniers. Obtenir des espèces vieilles de 500 ans, des melons d’origine France et Italie par exemple, serait le Graal. Néanmoins, mon objectif est avant tout d’étoffer ma gamme locale et régionale, comme le poireau jaune gros du Poitou, le chou feuille à vache du Poitou, le petit coco vendéen. »

La germination, une science surprenante

La germination est un phénomène fascinant. Véritable métamorphose discrète, mais essentielle, chaque plante, même la plus modeste, est issue d’une alchimie naturelle complexe et millénaire. « Des espèces sauvages sont souvent difficiles à faire germer, la linaire sauvage des prairies, par exemple, donne du fil à retordre. Avant leur commercialisation, toutes les graines sont issues de tests de germination, mais la culture, réalisée exclusivement en extérieur, devient difficile. Certes, les graines récoltées sont plus robustes et résistantes, la plante s’est développée à son rythme, mais un climat trop sec, trop chaud, trop humide, est une vraie menace. Des espèces bi-annuelles de légumes racines et à feuilles nécessitent 2 ans de pousse avant de pouvoir collecter les graines et le risque que la plante n’aille pas jusqu’à la floraison ou soit ravagée par des prédateurs. Il faut être patient et attentionné ! »

La conservation

« Conserver des graines est tout un art. La graine de l’angélique ne se conserve que 3 à 6 mois et au congélateur, le panais 1 à 2 mois et à l’inverse celles des concombres, melons, tomates peuvent être stockées pendant au moins 20 ans. Des particularités à connaître, à expérimenter. »

« Présent tous les ans sur les marchés aux plantes de Bressuire, de Champdeniers, du Beugnon…je constate que les jardiniers anglais raffolent des semences originales et qu’une clientèle de trentenaires est de plus en plus nombreuse. Cultiver des variétés durables, savoureuses, reproductibles et adaptées au terroir est une preuve que la science du passé peut se conjuguer avec l’agriculture de demain pour préserver l’héritage et semer l’avenir.

Infos : www.lesjardinsducoudre et Facebook

En photo : Laurent Prysmicki au Festival International du Film Ornithologique (FIFO) de Ménigoute 2024.

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